2000 ans d'histoire

La villa gallo-romaine


A sud de la RN 19, au lieu-dit « l’Arpent Ferret », se trouve un site archéologique découvert en 1992 lors de la construction de la voie du  TGV

Ce site comprenait :

Les restes d’une villa gallo-romaine du 1er siècle pourvue de thermes privés.

Des objets rares : une écuelle de poterie gravée du nom Ruf, des objets de bois et cuir du 3ème siècle, exceptionnellement bien conservés.

Des structures artisanales du 6ème siècle.

ci dessus : reconstitution du bâtiment principal

Des parties non explorées s’étendent sous les champs cultivés au delà de l’emprise du TGV.


La villa proprement dite

Une « villa »est le centre d’un grand domaine rural. Elle était composée de plusieurs batiments en pierre, couverts de tuiles, dont seules subsistent les tranchées de fondation; les matériaux sont connus car retrouvés dans le comblement des puits.

Le bâtiment principal de 16 m sur 33 comportait plusieurs pièces bordées par une galerie en façade avec piliers, avec deux caves et des thermes;

L’ensemble thermal : intégré au bâtiment, il, avait trois petites pièces dont un « caldarium » ou bain chaud, construit sur hypocauste et chauffé par circulation  d’air chaud.


Les autres structures

On a retrouvé la trace de bâtiments sur poteaux datant  des  6ème et 8ème S, construits en matériaux légers sur armature de poteaux de bois dont il reste les traces régulières de couleur différente dans le sol ; il y a des restes de forge, de greniers à blé surélevés et de bâtiments destinés au tissage.


Des objets représentatifs

Des poteries de plusieurs époques, dont une écuelle  noire gravée du nom RUF ( de telles identifications sont rares)

des objets de bois très bien conservés en milieu humide: seau, rabot, poulie...

une sandale en cuir datée du 3 e siècle,  objet rare

des objets métalliques : faucille, epée dite " scramassaxe"

Pour en savoir plus sur l'archéologie et la decouverte( page en construction )


photos ci dessous : schéma de la piscine chaude sur hypocauste, écuelle noire de rufus, plan general des fondations, sandale en cuir du 3 e siècle

Cliquer sur les images pour les agrandir

L'origine du nom

L'étymologie est incertaine

L’étymologie n’étant pas une science exacte, certains voient en Servon un nom d’origine celtique à signification géographique : la « source sur le coteau »  (où a été bâtie l’église,sur l’emplacement présumé d’un culte gaulois des sources). D’autres une interprétation, latinisée et retraduite, fait de cervi-dunum une  « colline du cerf ».

Il y a en France 3 autres  villages du même nom

Servon  ( 35) près de Rennes

Servon (50) près du Mont Saint Michel 

Servon-Melzicourt ( 51 ) entre Reims  et Verdun

plus un Cervon près de Château Chinon

Les armoiries

La commune a repris les armes de la famille de Lyonne,  ancienne titulaire du Comté de Servon créé par Louis XIV

Elles se composent de trois bandes horizontales bleu et or, et des têtes de lionnes or (sans crinière )

En termes héraldiques : d’azur à la fasce d’or, accompagné de trois têtes de lionnes du même

Le blason est surmonté de la couronne de ville.

proche de Servon :

Brie comte Robert, ville de Robert de Dreux et de  Jeanne d'Evreux , reine de France

Robert 1er, comte de Dreux,  frère du roi de france Louis VII, vécut au 12e siècle, il fonda la ville et en fut le premier seigneur

Jeanne d'Evreux,   qui vecut au  14 siècle, etait la petite fille de Philippe III et l'épouse du  roi de France Charles IV le bel;  veuve elle se retira à Brie Comte Robert; reine, elle portait le deuil en blanc:la " dame blanche" .

le cours d'eau local :   le Réveillon

Le village ancien et l'église

    

Le village  se trouve  à mi-coteau au dessus de la rivière le Réveillon, en forme de « village- rue »  le long de l’église, entouré des fiefs principaux et des anciennes fermes ; l’urbanisation du 20 e siècle  lui fait une couronne périphérique. 

On ne sait pas quand se développa l’habitat à cet endroit, en association ou concurrence avec l’

Arpent Ferret ; mais  le culte de Ste Colombe (patronne de l’église) s’est développé en France vers le 6 e siècle. Le vocable de saint Louis roi de France ( mort en 1270)  sera ajouté plus tard .


L’église saint Louis et sainte Colombe

Située sur un étroit éperon de terre soutenu par un mur, au-dessus d’une source, probable lieu de culte druidique, l’église est dédiée à Ste Colombe de Sens et à Saint Louis. Elle surplombe le lavoir. Le chœur en pierre de style gothique date du début du 13 e siècle, embellissant un bâtiment antérieur, malgré une pierre dédicatoire tardive portant la date de 1394 

Sur le mur de " chevet" trois fenêtres basses  murées sont cachées par une sacristie sur poteaux de bois ajoutée au 17e S  ;  au dessus, cinq fenêtres accolées puis une  rosace (inspirée de la cathédrale de Laon et du croisillon ouest de Chartres) qui ne se voit plus de l’intérieur depuis l’abaissement du toit et la disparition des voûtes ;  un « triforium » a été dégagé et restauré à l’intérieur en 1984. Le clocher conserve la plus petite de quatre cloches  : Colombe, 900 Kg, datant de 1635. 

L’église fut inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1939


Les châteaux

le château seigneurial

 Proche de l’église et autrefois reliée à elle par un corps de bâtiment  le château actuel fut modifié et reduit vers 1810. Il conserve un pigeonnier rond du 16 e S. 

Le premier seigneur connu, Paganus, est cité  en archives vers 1142, comme un premier curé vers 1269, desservant  une église et une paroisse déjà existantes.   

Au 16 e siècle  la jeune  Anne Boleyn, future seconde épouse du roi d’Angleterre Henri VIII aurait vécu à Servon chez sa tante Marguerite de Hébert, femme du seigneur Jacques du Moulin.

En 1588 le seigneur Claude Mallier constitua la première rente pour financer une école, l’une des plus anciennes de toute la région.

Sous Louis XIV, le seigneur Henry de Lyonne fut fait comte et chevalier de l’ordre de Saint Louis ; la famille  posséda le château pendant  deux siècles


Le château de Villemenon

Situé à l'exterieur du village sur la route de Lésigny, il fut un fief rival déjà présent au 14 e siècle et changea de nombreuses fois de propriétaire. Au 17 e S François de Verthamon se querella avec Henri de Lyonne mais perdit le dernier procès. Le château actuel a été construit dans le style Renaissance vers 1840.: 

Pour en savoir plus : la querelle de 1666 visible sur les pierres tombales (page en cuction


 D’autres petits fiefs

ils ont laissé des noms de lieux-dits ou de rues: Reddemont, Berthemont, Bonbon, l’Orme, la Dame Blanche ( interprétée comme Jeanne d’Evreux, dame de Brie Comte Robert,  reine de France portant le deuil en blanc)


La tombe et la maison du général Jeanningros

la maison de Reddemont appartint un temps au general Jeanningros, oublié de nos jours . Né en 1816 à Besançon, fils de militaire, engagé à 18ans , il «sortit du rang » pour finir général ; il fut longtemps zouave puis légionnaire et participa à toutes les guerres  françaises du 19 e siècle (Algérie, Crimée, Italie, Mexique, 1870). Après 51 ans de services  il se retira à Servon et y est enterré. Il participa au mouvement des « Bataillons Scolaires ». Il reste vénéré par la Légion car au Mexique, ce fut lui qui donna l’ordre de marche qui conduisit une compagnie au fait d’armes de Camerone. Des cérémonies se déroulent parfois sur sa tombe. Une plaque commémorative se trouve sur la maison.


" la " lucarne"

Au centre du village (actuelle place de la poste), sur un toit cette lucarne dont la forme arrondie est dite «à la guitarde» est un «chef d’œuvre» de compagnon comportant dans ses décors les symboles des compagnons bâtisseurs et une croix interprétée comme  la Légion d ’Honneur.

La vie villageoise

Un village longtemps agricole

Sur 740 hectares, 700 étaient cultivés, par une polulation de 300  habitants; selon les états de statistiques agricoles du 19 e S :   les  cultures principales  etaient le blé, seigle,   luzerne,  pomme de terre, vergers et jardins ; un peu de raisin et la betterave au 20 e S ; côté  cheptel il y avait de nombreux moutons,  et boeufs de labour autant que de laiterie. On comptait une dizaine de fermes, dont les deux grandes :  l'Orme, devenue mairie,  et Bombon plus connue sous le nom de Charpentier, son dernier propriétaire

 

 les traditions : la " fête des cocus"

La fête patronale, autrefois le 25 août, était suivie le lendemain par une étonnante et burlesque « Fête des Cocus », héritière d’une lointaine fête moyenâgeuse dite «  fête des valets » : le Roi et la Reine des Cocus (de jeunes mariés) se promenaient vêtus et coiffés de jaune et recevaient brioches et cadeaux. Célèbre dans toute la région et jusqu’à Paris, la fête disparut dans les années 1960


La culture des roses

Servon fut longtemps comme toute la Brie un territoire de la culture de roses, développée au 19 e siècle à Grisy par M. Cochet jardinier du comte de Bougainville; elles étaient  livrées à  Paris par le « train des roses » sur la ligne de Paris Bastille à Verneuil l’Etang


Le chemin de fer

La ligne de la Bastille, partant de la gare parisienne située place de la Bastille,   ( remplacée de nos jours  par l’Opera bastille) desservait le bois de Vincennes et Nogent sur Marne et ses célèbres " guingettes" , puis fut prolongée jusqu’à Brie Comte Robert  et Verneuil l’Etang .  plus tard elle fut progressivement fermée ;  elle était appelée la " ligne du dimanche" et aussi le " train des roses", amenant à Paris des milliers de roses cultivées dans la region.

La gare de Santeny- Servon fut ouverte au trafic voyageurs de 1873 à  1953, aux marchandises  jusque 1985. la partie s'arretant à Boissy saint Léger est devenue la  ligne A du RER .  De nos jours la gare, située sur la commune de Santeny, a été detruite, comme celle de Villecresnes.

La gare servit au tournage d’une scène de «La Grande Vadrouille » : lorsque l’aviateur anglais est arrêté durant son voyage en train, il descend à la gare de Servon rebaptisée Vougeot











le " rû" du Réveillon prend sa source dans les bois de Gretz-Armainvilliers  et après 24 kms se jette dans la rivière l' Yerres, qui se jette elle même dans la Seine ; il recoit comme affluent principal le rû de la Ménagerie.A Servon le long de ses boucles des étangs artificiels ont été créés en 1992  offrant promenade et pêche

ci dessous ; peinture de M Plantard

Les traces laissées par l histoire

le site de Servon montre des traces d' habitation depuis le premier siècle de nore ère, puis au moyen âge, puis à partir du 16 siècle ; les documents écrits, rares au 12 e siècle, deviennent un peu plus nombreux à partir du 17 eme siècle  ; mais les archives communales les plus anciennes ne datent que du début du 19 eme siècle


on peut partager l'histoire du village en quatre grandes périodes :

l'antiquité, avec la villa gallo-romaine

le haut moyen âge, avec la construction de l'église

l'ancien régime, avec les châteaux et le centre village

les temps modernes, du 19 e siècle à nos jours